L’indifférence est, paraît-il, le pire des mépris. C’est aussi, bien souvent, le ton des médias lorsqu’il s’agit de pays qui, contre vents et marées, connaissent un redressement économique sous l’impulsion de gouvernements de gauche. Prenons un exemple : des pays d’Amérique Latine, comme le Chili ou le Mexique, ont mis en place des réformes économiques et sociales ambitieuses, et les résultats sont là. Le chômage diminue, la croissance revient, les inégalités se réduisent… Mais de ces succès-là, vous n’entendrez presque rien. Pourquoi ? Peut-être parce que la stabilité et la prospérité sont moins « vendables » que le chaos et le populisme.
Car pendant ce temps, l’actualité ne jure que par l’extrême droite. Que ce soit en Europe, où certains partis ultra-conservateurs gagnent du terrain, ou aux États-Unis, où des figures populistes font la une, l’espace médiatique est saturé de reportages, de débats, de gros titres alarmistes. D’un côté, la montée de l’extrême droite s’affiche en boucle, comme un miroir déformant de nos peurs et de nos colères ; de l’autre, des gouvernements progressistes tentent de construire autre chose, en silence, à l’abri des projecteurs. Le récit n’est-il pas quelque peu biaisé ?
Bien sûr, il ne s’agit pas de minimiser l’importance d’un phénomène, ni d’ignorer les risques que posent certaines idéologies. Mais une couverture médiatique équilibrée et rigoureuse pourrait au moins donner la voix à ces pays qui démontrent qu’une autre voie est possible, même dans des contextes difficiles. Montrer que des progrès sont en cours, que le redressement est possible sans dérive autoritaire ou populiste. Car au fond, l’information ne devrait-elle pas être aussi une source d’inspiration ?